Les fromages normands en Appellation d’Origine Protégée (AOP) au chevet de la Chouette effraie

Les rapaces nocturnes sont des animaux fascinants et mystérieux à la fois. Ces espèces protégées évoluent la nuit dans le silence absolu et c’est aussi avec autant de discrétion que leurs populations s’effondrent. Conscients des services rendus par ces espèces, l’Organisation des producteurs de lait en AOP, la laiterie GILLOT et le CPIE Collines normandes ont souhaité pour leur part se mobiliser en faveur de  la chouette effraie dans le bocage ornais.

Lutter contre les mulots, souris… naturellement !

La chouette effraie est une habitante commune de nos campagnes que l’on observe aux abords des habitations. Elle apprécie particulièrement les bâtiments sombres (clochers, hangars, granges, etc.) et à l’abri des prédateurs qu’elle utilise pour y nicher Malheureusement ces derniers se raréfient avec l’abandon du bâti très ancien et des nouvelles techniques de restauration et d’isolation qui les rendent impénétrables.

Or, la Chouette effraie est très avide des mulots, souris, rats et autres micromammifères qui peuvent être très nombreux aux abords des exploitations agricoles. Les producteurs de lait sont bien conscients de ce problème. Pour préserver la qualité du lait et éviter les problèmes sanitaires, ils sont d’ailleurs tenus de mener une dératisation chimique.

« Un Noctambule Dans Ma Stabul’ »

Forts de ces constats, les partenaires ont créé l’opération « Un Noctambule Dans Ma Stabul’ » destinée aux producteurs de lait en Appellation d’Origine Protégée de la laiterie Gillot. Ce programme consistera à  favoriser la nidification des chouettes effraies dans une trentaine de fermes en y installant des nichoirs artificiels et  profiter en retour de ses qualités de prédatrice. Et quel prédateur ! Une nichée d’effraie consomme environ 170kg de micromammifères dans un rayon de 2km autour de sa nichée sur une année !

A l’issue d’une campagne d’information et de recrutement menée en début d’année, 32 exploitants rejoignent le projet.

Pour la suite, le  le CPIECN réalisera un diagnostic dans chacune des 32 exploitations pour déterminer le meilleur endroit pour installer le nichoir. Le CPIECN viendra dans un second temps installer celui-ci à une hauteur minimale de 5m. Les nichoirs, installés dans la stabulation ou tout autre bâtiment propice, seront équipés d’une caméra qui permettra à l’exploitant de vérifier régulièrement que son nichoir est habité et au printemps de suivre l’évolution des poussins d’effraie.

Cette opération de lutte biologique a pour objectif à terme de se substituer à la dératisation chimique actuellement exigée dans le cahier des charges de la laiterie Gillot (en cours de négociation). En effet, dans un premier temps, les agriculteurs réduiront leur facture de dératisation avec une diminution du nombre de passage de l’entreprise. Le coût de la dératisation chimique étant largement supérieur à celui d’un nichoir, participer à cette opération c’est agir en faveur de la biodiversité et remplumer son porte-monnaie.